AccueilActualitésRéalisation d’un plessis pour la sente François Villon, Mai-Juin 2019

Réalisation d’un plessis pour la sente François Villon, Mai-Juin 2019

En mai et juin 2019, l’association Héritage Lupovicien a œuvré sur la réalisation d’un plessis pour la sente François Villon.

Le plessis et le plessage

Avec l’apparition de l’agriculture et de l’élevage à l’époque néolithique, les peuples chasseurs cueilleurs devenus agriculteurs durent rapidement faire face à un problème majeur : contenir le bétail dans des enclos suffisamment hermétiques pour éviter sa divagation mais aussi protéger les cultures des dégâts occasionnés par les animaux sauvages ou domestiques.

La première solution a certainement été de construire des murets de pierres sèches là où la matière première abondait, cette pratique est toujours en usage en Irlande et dans les régions de montagne. Les murets se couvraient rapidement d’un boisement naturel d’épineux qui renforçait leur vocation défensive.

Là où le bois était disponible en quantité, la confection de palissades de branchages tressés était d’usage. Ces palissades portent le nom de « haies sèches » ou « haies mortes ». Ce type de clôture, s’il avait l’avantage de l’efficacité, était peu durable et devait être remplacé régulièrement.

L’importante consommation de bois nécessaire à la construction et à la maintenance de ces ouvrages se faisait au détriment des réserves. Certains gouvernements royaux, soucieux de préserver la ressource, recommandaient à leurs sujets la plantation d’arbres et arbustes vivants
pour la réalisation des clôtures. Les haies de bois vif ne demandaient pas plus de travail et étaient plus pérennes que les haies de bois mort. Ainsi sont apparues les premières “haies vives”.

La haie vive a un inconvénient majeur : son homogénéité n’est pas toujours parfaite. C’est surtout au pied des haies que les dégradations sont les plus marquées. Les végétaux se dégarnissent à la base, certains arbustes meurent ou sont broutés par le bétail, les animaux profitent bien souvent de ces faiblesses pour retrouver leur liberté ! Nous sommes à la fin du Moyen-Age, le fil de fer n’apparaîtra qu’à la fin du 19ème siècle ; le paysan imagine donc une technique de conduite et d’entretien de la haie qui survivra jusqu’à nos jours : le « plessage » (plissage) ou « tressage » des haies vives.

La technique du plessage a semble t il été pratiquée partout où la haie était utilisée pour le pacage des animaux domestiques. On le rencontrait fréquemment dans la fermeture des potagers médiévaux qu’il protégeait de la divagation des bêtes. Le côté naturellement défensif des épineux était renforcé par le tressage des végétaux. Les techniques étaient cependant différentes d’une région à l’autre et elles variaient également en fonction des essences travaillées chêne et noisetier dans le Morvan, hêtre en Normandie, aubépines et prunellier en Flandres et Avesnois…

Les haies plessées nécessitaient un entretien réduit car leur croissance était ralentie par l’inclinaison des troncs. Se régénérant naturellement, elles résistaient au vieillissement beaucoup mieux que les clôtures de bois mort.

La tradition perdure dans d’autres pays, comme le Royaume-Uni ou la Roumanie.

Dans certaines régions bocagères comme le Pays de Galles, il est toujours possible de trouver des éleveurs perpétuant cette coutume. Ces techniques, souvent différentes d’une région à l’autre et apparemment très codifiées sont pratiquées avec un outillage manuel spécialement adapté. Elles font maintenant l’objet de nombreux stages et compétitions répartis sur tout le royaume.

En Roumanie, la confection de plessis est une tradition ancestrale. Elle est perpétuée encore aujourd’hui, notamment dans les villages de montagne.

Les 2èmes rencontres internationales autour du plessage se sont déroulées du 5 au 9 mars 2019 dans les Mauges (49) et le Bocage Bressuirais (79).

Nombreux sont les toponymes (nom de village) Plessis en France ainsi qu’en Europe. Le Plessis-Luzarches (95), Le Plessis Belleville (60), Plessé (44), Le Plessier-Huleu (02), Plessala (22) ou Pless (Pologne), Plessa (Allemagne), Plessisville (Canada), etc.

L’origine du nom du village est très ancienne. Plessis, du latin plectere ou plectare tresser, entrelacer les branches. Un plessis ou une plesse est, comme évoqué précédemment, une sorte de haie aux branches entrelacées, servant de clôture à une propriété ou un territoire plus vaste. Il est formé de bois mort et/ou de bois vif épineux tressé pour le rendre infranchissable aux hommes et aux bêtes. C’est aussi un système léger de fortification qui retarde l’assaillant.

Par la suite, les Plessis ont été distingués par le nom de leur seigneur : Le Plessis-Bouchard, Le Plessis-Hébert, Le Plessis-Gassot. Gassot, diminutif de Gasce, prénom porté par plusieurs seigneurs de Poissy, qui sont possesseurs du village à la fin du XIe siècle.

Bien entendu, ce toponyme devient anthroponyme (patronyme, nom d’homme), Plessis, Plessier, Plessy, Duplessis, Plessis-Praslin, Plessis-Rohan…

Cette présentation est reprise du site de l’association Haies Vives. Textes de Bernrd Gambier. Photos : © Héritage Lupovicien.