La cheminée
Quand on allait à Creil par le train on pouvait voir entre la voie ferrée et l’Oise, près du pont de Laversine, une très haute cheminée en briques, seule au milieu d’un grand pré. Certains jours, des vaches lui tenaient compagnie. Que faisait là cette cheminée qui avait une si jolie ligne ?
Mon grand-père m’avait raconté que le propriétaire du champ s’étant aperçu qu’il y avait une importante couche de glaise à cet endroit décida de construire une briqueterie près de l’Oise. Il commença par monter la cheminée. Mais, la Baronne de Rothschild qui avait fait peindre en vert les tuiles de la cité du Petit Thérain pour qu’elles se noient dans la verdure du coteau réagit violemment car les fenêtres de son château perché sur le coteau de Laversine allaient recevoir de plein fouet les fumées crachées par la cheminée…
Monsieur Duceauville dut abandonnet le projet… Mais, pour se venger, il laissa la cheminée… Quand en 1945 la ligne Saint Leu-Creil fut rétablie, on s’aperçut que « la cheminée » était toujours là, mais… légèrement raccourcie ! Située entre Trossy-St Maximin, le pont de Laversine, la gare de triage et la carrière des V1, elle avait entendu siffler des milliers de bombes… Mais une seule avait réussi… à la décapiter !
Il faudra que l’EDF fasse appel au Génie Civil pour la faire disparaître vers 1952-1953. Elle sera remplacée pendant quelques années par une plate-forme sur laquelle était stocké… le poussier de charbon destiné au fonctionnement des installations et par les 4 hautes cheminées blanches de la Centrale Thermique. Celle-ci disparaîtront à leur tour après l’arrêt de la Centrale en 1986.